La science, la cité

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Mot-clé : trouvez l'auteur

Fil des billets - Fil des commentaires

Trouvez l'auteur : Technosciences et politique

Voici à  nouveau un texte traduit en français, publié dans la seconde moitié du XXe siècle :

De par les conséquences socio-culturelles imprévues du progrès technique, l'espèce humaine s'est elle-même mise au défi non seulement de provoquer la destinée sociale qui est la sienne mais encore d'apprendre à  la maîtriser. Et il n'est pas possible de relever ce défi lancé par la technique avec les seules ressources de la technique. Il s'agit bien plutôt d'engager une discussion, débouchant sur des conséquences politiques, qui mette en rapport de façon rationnelle et obligatoire le potentiel dont la société dispose en matière de savoir et de pouvoir techniques avec notre savoir et notre vouloir pratiques.
D'une part, une telle discussion pourrait éclairer les acteurs de la vie politique, dans le cadre de ce qui est techniquement possible et "faisable", sur la conception que les intérêts auxquels ils ont affaire se font d'eux-mêmes, telle qu'elle se trouve déterminée par la tradition. D'autre part, à  la lumière des besoins ainsi articulés et ré-interprétés, ils pourraient juger par rapport à  la pratique dans quelle direction et dans quelle mesure nous désirons développer notre savoir technique dans l'avenir. (p. 95)

Je peux donner un indice supplémentaire (c'est-à -dire un autre extrait) si vous séchez trop ;-)

[Mà J 13/03, 22h00] : Bravo à  Anon qui a reconnu Jà¼rgen Habermas dans La technique et la science comme "idéologie", et plus précisément le chapitre "Progrès technique et monde vécu social" (Gallimard, "Tel", 1990). Pour un texte paru pour la première fois en 1966, on ne peut que saluer son extrême pertinence et acuité, ce qui a d'ailleurs trompé François !

Partage

Trouvez l'auteur : Chercheurs et éthique

Voici, pour changer, un extrait d'un texte récent. L'auteur est américain, et je ne vous en dis pas plus ou ce serait trop facile...

les chercheurs, spécialement depuis qu'ils ont acquis la puissance et l'autorité en tant que membres d'une institution désormais bien établie, se sont aventurés au-delà  de leurs domaines d'expertise personnels et ont pris part à  des débats éthiques en arguant — ce qui est illogique — de la supériorité de leur savoir factuel. (Ma connaissance technique de la génétique du clonage ne me confère aucun droit d'influencer des décisions légales ou morales de créer, par exemple, une copie génétique d'un enfant mort.)

Réponse ici-même avant 48 heures...

[Mà J 23/02, 10h40] : Bravo à  PAk qui a reconnu Stephen Jay Gould, le grand paléontologue et vulgarisateur, dans son premier livre posthume : Le Renard et le hérisson, sous-titré "Comment combler le fossé entre la science et les humanités ?" (Le Seuil coll. Science ouverte, 2003).

Partage

Trouvez l'auteur : Science et désenchantement du monde

Une fois n'est pas coutume, voici le premier couplet d'une chanson très lyrique, qui permet de situer un peu le problème du "désenchantement du monde" que peut induire la science. C'est facile d'en retrouver l'auteur par Google, donc faites plutôt remuer vos méninges... Et vous êtes surtout invités à  réagir en commentaire !

Du temps que régnait le Grand Pan,
Les dieux protégaient les ivrognes
Des tas de génies titubants
Au nez rouge, à  la rouge trogne.
Dès qu'un homme vidait les cruchons,
Qu'un sac à  vin faisait carousse
Ils venaient en bande à  ses trousses
Compter les bouchons.
La plus humble piquette était alors bénie,
Distillée par Noé, Silène, et compagnie.
Le vin donnait un lustre au pire des minus,
Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.

Mais en se touchant le crâne, en criant "J'ai trouvé !"
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à  frapper les cieux d'alignement,
Chasser les Dieux du Firmament.

Aujourd'hui ça et là , les gens boivent encore,
Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes.
Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes.
Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.

[Mà J 08 février, 6h50] : Il s'agit bien de Georges Brassens, dans "Le Grand Pan". Il est intéressant de comparer cette vision "traditionnelle" du désenchantement du monde avec ce que lui répond la sociologie des sciences, et Bruno Latour en particulier (dans Nous n'avons jamais été modernes, La Découverte, 1991, p. 156) :

Comment serions-nous capables de désenchanter le monde, lorsque nos laboratoires et nos usines le peuplent tous les jours de centaines d'hybrides plus bizarres que ceux d'hier ? La pompe à  air de Boyle est-elle moins étrange que la maison des esprits Arapesh ? Construit-elle moins l'Angleterre du XVIIe siècle ? Comment serions-nous victimes du réductionnisme alors chaque savant multiplie par centaines les entités nouvelles afin d'en réduire quelques-unes ? Comment serions-nous rationalisés, alors que nous ne voyons toujours pas beaucoup plus loin que le bout de notre nez ? Comment serions-nous matérialistes alors que chaque matière que nous inventons possède des propriétés nouvelles qu'aucune matière ne permet d'unifier ? ( ) Comment pourrions-nous être glacés par le souffle froid des sciences, alors qu'elles sont chaudes et fragiles, humaines et controversées, remplies de roseaux pensants et de sujets eux-mêmes peuplés de choses ?

Partage

Trouvez l'auteur : Science et démarcation

Le texte suivant est traduit par moi de l'anglais (style, typographie et ponctuation d'origine), et a été publié pour la première fois en 1919 :

Si bien que, sur la base des couleurs jaune et rouge, la Science devrait tenter de classifier tous les phénomènes, incluant toutes les choses rouges comme véritables, et excluant les choses jaunes comme fausses ou illusoires, la démarcation serait nécessairement fausse et arbitraire, car les choses colorées en orange, constituant une continuité, appartiendraient aux deux faces de la frontière ainsi tentée.
Tandis que nous progressons, nous serons impressionnés par ceci :
Qu'aucune base de classification, ou inclusion et exclusion, plus raisonnable que celle du rouge et du jaune n'a jamais été conçue.
La Science a, en sollicitant différentes fondations, inclus une multitude de données. N'eût elle agit ainsi, il n'y aurait rien nous permettant de paraître être. La Science a, en sollicitant différentes fondations, exclu une multitude de données. Alors, si le rouge est en continuité avec le jaune : si chaque fondement d'acceptation est continu avec chaque fondement d'exclusion, la Science a dû exclure certaines choses qui sont continues avec ce qui est accepté. Dans le rouge et le jaune, qui se fondent dans l'orange, nous formatons tous les tests, tous les standards, tous les moyens de former une opinion —
Ou que toute opinion positive sur un sujet donné est une illusion construite sur la tromperie qu'il y a des différences positivies permettant de juger —
Que la quête de toute intelligence a été pour quelque chose — un fait, un fondement, une généralisation, loi, formule, une prémisse majeure qui est positive : que le meilleur de ce qui n'a jamais été réalisé a été pour dire que certaines choses sont auto-évidentes — alors que, par preuve (evidence) nous entendons la soutien de quelque chose d'autre —
Que c'est la quête ; mais qu'elle n'a jamais été accomplie ; mais que la Science a agi, régulé, affirmé, et condamné comme si elle avait avait été accomplie.

Je laisse vos méninges remuer, réponse dans ce billet même d'ici deux jours, avec commentaire circonstancié...

[Mà J 29/01, 20h53] Bravo à  Truc qui a reconnu le Livre des damnés de Charles Fort, oeuvre unique par son style et ses thèmes, qui sont une réflexion et un recensement de faits étranges : pluies de grenouilles, objets célestes etc. Cet extrait du chapitre 1 se rapporte à  la question de la démarcation entre science et "non-science" (boundary demarcation), problème classique de philosophie des sciences formalisé par Karl Popper. Fort soutient ici une position relativiste, qui est plus ou moins celle des sociologues des sciences : la distinction entre science et non-science est largement arbitraire et affaire de consensus et de règles non écrites, qui évoluent. Enoncé provocant mais qui n'est finalement pas si absent du discours des scientifiques eux-mêmes, qui entretiennent une part d'ombre sur cette "frontière". Ainsi, pour ce jeune physicien brillant : Bien sûr, on n'a encore jamais prouvé l'existence de ces mini-trous noirs… Mais, physiquement, ces entités pourraient exister. Elles entrent donc de droit – si ce n'est de fait – dans le champ des sciences de la nature, d'autant que leur compréhension est singulièrement féconde.

Une illustration nous est donnée par les travaux du sociologue Pierre Lagrange sur les soucoupes volantes et autres OVNI, qui sont habituellement exclus du champ de la science :

Arnold, étrangement, regarde directement le ciel et y voit quelque chose qui n'est pas catalogué. A la fin du 19e siècle cela aurait pu intéresser des gens comme Flammarion qui cherchaient encore à  faire le catalogue complet des phénomènes de la nature et qui recueillaient les récits d'observations de phénomènes étranges. Mais en 1947, le principe de la science n'est plus de faire des catalogues de phénomènes, comme les collectionneurs du 17e siècle, mais de construire des réseaux socio-techniques, des structures dont le moteur n'est plus la chasse aux énigmes mais la capacité à  intéresser d'autres acteurs pour placer la science au coeur de la société, pour faire de la science un des régimes d'existence de nos vies quotidiennes. Un phénomène de plus n'est intéressant que s'il permet de relier de nombreux acteurs et de construire un réseau. Or les soucoupes présentent ce côté désagréable de provenir de ce qui a été catalogué par la science comme culture populaire. Pour les porte parole de la science, Arnold se trouve de l'autre côté du Grand Partage entre culture scientifique et culture populaire. Les scientifiques ont mis tellement d'energie à  se séparer de ce qu'ils ont classé comme culture populaire, comme croyance, qu'ils refusent de seulement considérer une question soulevée par l'opinion. On est à  l'époque où le partage entre savant et opinion est à  son maximum. Les soucoupes ne peuvent tout simplement pas être prises au sérieux. Dès lors l'histoire des soucoupes ne débute pas comme on le dit souvent comme une croyance générale, populaire, journalistique, mais comme quelque chose qui est perçu, et liquidé comme un mythe, comme une croyance justement.

Et quand les sociologues s'appuient sur de nombreuses études empiriques, et les philosophes sur une épistémologie renouvelée, Fort utilise un seul argument : la continuité des faits et des objets, où l'on ne peut distinguer nettement ce qui serait scientifique et ce qui ne le serait pas. Cette notion de continuité, et l'analogie chromatique, sont d'autant plus intéressants qu'ils évoquent une histoire fameuse en histoire des sciences, rapportée notamment par Jean-Marc Lévy-Léblond. On a coutume de voir dans l'arc-en-ciel, qui est pourtant continu, sept couleurs arbitraires. Six sont des vraies couleurs (violet, rouge, orange, jaune, vert, bleu) mais la septième, l'indigo, arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Elle a été "voulue" par Newton afin de tomber sur un nombre riche en symboles (et Newton l'alchimiste aimait les symboles et la numéralogie !). A nouveau cette démarcation floue

Partage

Trouvez l'auteur : Science et miracles

Inspiré par François, et pour fêter le billet n° 100, je me lance dans les devinettes façon "Trouvez l'auteur". Voici un texte écrit au XVIIIe siècle où l'auteur, dans des passages frôlant l'analyse théologique, livre sa vision de Dieu et des miracles qui lui sont attribués :

Puisqu'un miracle est une exception aux lois de la nature, pour en juger, il faut connaître ces lois, et pour en juger sûrement il faut les connaître toutes, car une seule qu'on ne connaîtrait pas pourrait en certains cas inconnus aux spectateurs changer l'effet de celles qu'on connaîtrait. Ainsi celui qui prononce qu'un tel ou tel acte est un miracle déclare qu'il connaît toutes les lois de la nature et qu'il sait que cet acte en est une exception. Mais quel est ce mortel qui connaît toutes les lois de la nature ? Newton ne se vantait pas de les connaître. Un homme sage témoin d'un fait inouï peut attester qu'il a vu ce fait et l'on peut le croire ; mais ni cet homme sage, ni nul autre homme sage sur la terre n'affirmera jamais que ce fait, quelque étonnant qu'il puisse être, soit un miracle, car comment peut-il le savoir ?

A vous de me donner l'auteur et l'ouvrage d'ici mardi soir…

[Mà J 17/01, 7h02] : C'est Tom Roud qui a trouvé la bonne réponse puisqu'il s'agit bien de J.-J. Rousseau dans ses Lettres écrites de la montagne. Un texte très peu connu mais dont l'extrait ci-dessus et quelques autres valent vraiment le détour !

Partage

page 2 de 2 -